LES RIVES DU MARONI
Festival les Tréteaux du Maroni - Cie KS and CO - Centre Dramatique Kokolampoe / sur les rives du Maroni - Saint-Laurent-du-Maroni /
3 bimeurs, les élèves du TEK - Théâtre-École Kokolampoe, et The 4 Messengers de l'Art Tembe Studio
avril 2016
Second voyage en Guyane française pour le Collectif bim, entre workshop et création, une fantastique expérience sous le signe de l'échange, du partage et de la multi-culturalité.
Les eaux boueuses du Maroni, fleuve et frontière naturelle entre la Guyane et le Surinam traversant la forêt amazonienne et longeant la ville de Saint-Laurent, tel était le décor atypique de ce bim déambulatoire.
Tout débute à l’embarcadère du quartier de « La Glacière », par une façade d'immeuble raisonnant au rythme d'une chanson en langue Sranan Tongo, une apparition surprise où tous les bimeurs se retrouvent dans un brouhaha interlinguistique (français, anglais, hollandais, langues bushinengué...) pour inviter les spectateurs à emprunter les pirogues et poursuivre l'aventure.
Au milieu du ballet des pirogues qui ne cessent de traverser d'un rivage à l'autre, nos passagers, eux, entament leur voyage et descendent la rive Guyanaise. Lentement, les pirogues avancent, et à terre, tel un musée vivant, s'en suit des images, tableaux animés et situations des bimeurs. Ces berges de sables marron, où le chemin s'insinue au milieu d'une végétation luxuriante nous inspire grand nombre d'activités aquatiques (pèche, natation, aviron), de promenade façon Tom Sawyer et d'appels aux piroguiers.
Après avoir fait le tour d'une épave ensablée au milieu du fleuve, nos croisiéristes accostent sur la petite plage de la place de l'office du tourisme où attendent déjà les bimeurs, inertes, allongés sur le sol. Ce point de chute était anciennement le premier lieu d'arrivée des bagnards avant d'être réparti dans les différents camps Guyanais, et où maintenant trône la statue d'un bagnard assis, la tête entre ses mains. Les spectateurs assistent ainsi à cette arrivée lente et sombre; mais très vite, les bruits de la forêt amazonienne et la vie reprennent le dessus. L'ancien ponton se transforme en croisette, l'espace devient un terrain de rugby-noix-de-coco, les danses et les chants s'enchainent naturellement pour terminer par un rap libérateur sur une note de révolution. « I have a dream... We have the key ! »
© Ronan Liétar